Naître sourd, aujourd’hui, en France, ne relève pas du défi d’Hercule mais n’est pas, sous certains aspects, chose plus facile qu’il y a dix ou vingt ans.
Certes, de nos jours, les différents choix proposés aux parents et à l’enfant (à condition qu’ils soient complets et objectifs) sont l’expression d’une certaine considération du handicap, mais cachent néanmoins, quelques problèmes concernant, l’inertie dans l’application des mesures prises, les divergences de point de vue entre les sourds et le milieu médical dans sa totalité, la prise en charge précoce de l’enfant sourd et de ses parents et parfois même un manque certain du respect de l’identité.
Tous les parents vous le diront : apprendre un beau matin, même si l’on s’en doutait un peu, que son fils est sourd, c’est comme une grande claque en pleine figure dont il est difficile de se relever. Malgré ces sentiments de culpabilités, il faut agir et agir vite car, même sourd, il est primordial de préserver et d’entretenir les relations parents-enfant (si chères à nos psychologues). Et c’est alors que commence la course : être sourd ou parents d’enfant sourd en l’an deux mille, c’est un peu comme prendre le départ d’un 110 mètres haies quand ses copains ou amis n’en font que 100. Certes, la vie est pour tous, une course parsemée d’embûches, mais la complexité de la surdité ne fait qu’en rajouter des haies plus hautes sans pour autant être infranchissables. Pour les 10 mètres supplémentaires, il s’agit en fait du temps nécessaire (physiologie oblige !) pour affirmer avec certitudes qu’un enfant est sourd (sans pour autant en donner ses degrés auditifs mais ceci est un autre débat), à partir de quoi le handicap peut être traité en fonction des choix proposés de façon plus objective. Choisir, oui bien sur, mais que nous propose t-on ? , et puis d’abord, c’est quoi un sourd ? , Comment faire pour communiquer avec lui ?
Avec tous les désarrois qui animent les parents ; ils savent tout de même qu’il faut agir pour l’enfant afin d’instaurer une communication. La liste n’est pas exhaustive et presque toujours la même : l’O.R.L., l’orthophoniste, les centres spécialisés pour la scolarisation des enfants sourds…Le plus souvent sont écartés les associations de sourds ou de parents d’enfant, car le but (aussi légitime soit t’il ) des professionnels de l’audition est de faire parler l’enfant… Et c’est bien là que le bas blesse car comment prendre une bonne décision en toutes connaissances des choses lorsque les informations données sont incomplètes ou, pires, absentes. Pour résumer grossièrement la situation de «façon simple » :
En ce qui concerne l’Audition (ou plutôt les restes auditifs), l’appareillage classique est le contour d’oreille, posé sur l’oreille et en liaison avec le conduit externe par un embout aux dimensions du pavillon. C’est un amplificateur de son, employé généralement pour les enfants sourds moyens ou sévères (terme employé pour déterminer le niveau de surdité).
Un autre appareil, plus récent que le contour d’oreille, il s’agit du transcodeur BETA. Cet appareil déplace une bande passante située dans les fréquences élevées pour les transcoder dans une bande passante de fréquences plus basses. Il se présente sous la forme d’un boîtier que l’enfant porte autour du cou ou dans le dos et qui est relié à l’oreille par un fil connecté a l’embout. Bien sur, cet appareil est à utiliser avec des enfants plutôt “calmes”.
Pour les enfants sourds profonds (ayant très peu ou pas de restes auditifs) sont proposés généralement l’implant cochléaire : il s’agit de placer des électrodes sur le nerf auditif pour le stimuler à l’aide d’un récepteur similaire (dans le transport) au boîtier BETA. Il s’agit, bien sur, d’une opération chirurgicale donc, a fortiori, d’une préparation longue et minutieuse de l’enfant vis-à-vis de l’opération et d’une rééducation «lourde et laborieuse »aprés l’opération.
En ce qui concerne l’apprentissage du langage, le choix le plus prisé par les médecins est l’oralisme, c’est-à-dire qu’on va demander à l’enfant sourd d’oraliser… Pour s’aider dans sa tache, l’orthophoniste utilise le Langage Parle Complété (L.P.C. ) : principe de reconnaissance de voyelles et de syllabes déterminées par des gestes de la main au niveau du visage, pour permettre à l’enfant de s’approprier la lecture labiale et ainsi faciliter le travail d’acquisition de la lecture.
La deuxième possibilité est la Langue Sourde (L.S.) ou Langue des Signes française ( L.S.F. ), qui est utilisé par tous les sourds puisque c’est pour eux un moyen naturel de communication (plusieurs association sont spécialisées dans l’apprentissage de la L.S.F)
En ce qui concerne les établissements scolaires, l’enfant sourd peut-être intégré dans une classe d’élèves entendants en établissement ordinaire. L’enseignement peut-être donné en français (options oraliste) ou assisté d’un interprète pour certains cours (en effet une interprétation permanente étant trop lourde). Existe aussi des classes d’élèves sourds recevant un enseignement en français dans un établissement ordinaire (la plupart du temps avec soutien en L.P.C.). Enfin, on trouve des classes d’élèves sourds recevant un enseignement en L.S. dans un établissement ordinaire (3 cas en France aujourd’hui) ou en établissements spécialisés.
Vous l’avez vu, les choses ne sont pas si simples pour les parents qui sont, par la multitude des possibilités, légitimement désorientés. Parmi tous ces paramètres et de nombreuses tentatives, nous sommes arrivés à une conclusion dans laquelle nous avons préféré privilégier son bien-être avant tout. La solution la plus naturelle et la plus spontanée pour comprendre un enfant sourd et pour se faire comprendre à lui, est la langue sourde (L.S.) de plus, c’est un choix important quant au respect de l’identité de l’enfant sourd. Cela nous à conduit naturellement à choisir l’éducation bilingue : Cette éducation repose sur la pratique de deux langues : la L.S. et le Français. Au même titre que le bilinguisme pratiqué dans le monde entier est source d’enrichissement culturel et bien sur social, le bilinguisme pour les sourds est, à notre avis, la meilleure façon de s’insérer dans la société et donc de tenir sa place, en tant que citoyen, dans les rangs de la communauté française.
Bien sur, l’acquisition des deux langues ne se fait pas au même rythme et nombreux sont les parents entendants ayant besoin d’une formation de la L.S..De plus, les structures qui correspondent aux besoins des enfants et qui remplissent les conditions du bilinguisme, en matière d’enseignement en L.S. sont au nombre de trois (POITIERS, TOULOUSE et TORCY)ce qui n’est pas pour aider les parents dans le choix de cet enseignement.