L’IMPORTANCE DE LA COMMUNICATION.

La communication revêt, à mon sens, une importance capitale dans la réussite d’un projet de scolarisation. Elle a d’ailleurs été mon seul outil d’intégration pour Christophe, tant que le diagnostic n’a pas été prononcé et qu’il a fallu faire accepter un élève au comportement si étrange.

Cet outil ayant fait ses preuves, je continue à l’employer en l’adaptant à l’environnement et aux circonstances. Car il faut savoir le manier. J’avais la chance que la communication ait pu faire partie, à un moment donné, de ma formation professionnelle. S’il existe un sujet sur lequel il est très difficile de communiquer efficacement, c’est bien celui du handicap. Il faut donc déterminer qui est le plus apte à communiquer, dans quelles circonstances, de quelle manière et pour quel objectif. Il faut ensuite enfin adapter le propos à l’auditoire et tenter d’éviter l’effet pervers le plus grave : la stigmatisation du handicap.

COMMUNIQUER AVEC LES AUTRES ELEVES.

L’arrivée d’un camarade handicapé dans la classe va générer, chez les autres élèves, un questionnement parfaitement légitime. « Pourquoi est-il aidé par un adulte ( l’auxiliaire de vie scolaire) alors que je dois travailler tout seul ? » ; « Pourquoi est-il le seul élève autorisé à venir en classe avec son chien ? » ; « Pourquoi quitte-t-il fréquemment la classe en cours de journée alors que je suis obligé d’y rester jusqu’au soir ? », etc. Ces interrogations sont encore plus présente quand la différence n’est pas réellement marquée, notamment dans le cas des handicaps mentaux (le fauteuil des enfants handicapés moteurs constituant généralement un élément de réponse). Ce n’est ni de la jalousie, ni de la curiosité malsaine. Il faut interpréter ces questions comme une nécessité de savoir pour rendre la différence moins angoissante.

Il est donc nécessaire d’apporter les éléments de réponse à ces interrogations. Le mieux placé au départ pour le faire, c’est évidemment l’enseignant. Ayant participé à l’élaboration du projet, il possède normalement toutes les informations pour communiquer utilement avec ses élèves. Sa pédagogie lui permet de transposer ces informations dans un langage parfaitement adapté. L’auxiliaire de vie peut en profiter pour expliquer son rôle exact.

Cette intervention est nécessaire dès les premiers jours de présence de l’élève handicapé. Il faut ensuite laisser le temps aux enfants de se faire une opinion, d’approcher sereinement et de découvrir cet inconnu qui, au demeurant, n’est pas toujours réceptif. Les questions deviennent alors beaucoup plus techniques et les réponses peut-être plus difficiles à apporter.

S’il le juge nécessaire, l’enseignant peut alors faire intervenir un autre membre de l’équipe de suivi du PPS (parent, éducateur spécialisé, soignant, etc.). Par leurs questions, les enfants font preuve d’une implication spontanée qu’il ne faut pas freiner mais qu’il faut contrôler.

Quels que soient l’intervenant et le niveau de communication (découverte ou exposé plus complet), ce n’est jamais du temps de perdu car ne s’agit-il pas, en fait, d’une vraie et belle leçon d’instruction civique ? En faisant cela, nous investissons sur l’avenir et nous préparons les enfants à un respect de la différence beaucoup plus concret.

J’ai pris l’habitude de proposer aux enseignants de mes fils une intervention dans leur classe aux environs du mois de novembre. Ce délai permet aux autres élèves d’observer et de faire leur propre analyse. Après m’être présenté, je commence toujours mon exposé en demandant aux élèves ce qu’ils trouvent « bizarre » chez Christophe ou Nicolas et je note leurs réponses au tableau. J’ai obtenu, à chaque fois, un relevé des symptômes autistiques pratiquement complet. Ceci prouve bien qu’ils observent finement et très sainement. A partit de ce constat, j’explique ce qu’est l’autisme en général et l’autisme de haut niveau en particulier, comment s’organise la scolarisation en fonction du handicap. J’ai dû évidemment répondre, à chacune de mes interventions, à la fameuse question : « qu’est-ce que je peut faire pour l’aider, comment dois-je m’y prendre ? ». Je n’ai jamais ressenti de pitié ou de compassion dans cette question mais, au contraire, une envie d’implication personnelle envers quelqu’un digne d’intérêt. Je leur demande alors d’être le plus naturel possible et de veiller à ne pas se faire de mal en attendant un retour affectif qui ne sera probablement jamais exprimé comme ils le prévoient. Cet échange avec les élèves a toujours été un moment très fructueux car c’est un grand réconfort de sentir, pour son enfant différent, l’intérêt spontané de ses pairs.

COMMUNIQUER AVEC LES PARENTS D’ELEVES.

La plus grande inquiétude des autres parents d’élèves, c’est que l’arrivée dans la classe de l’enfant handicapé risque de mobiliser un peu plus l’enseignant et diminuer le niveau de la classe. C’est une inquiétude évidemment sans fondement mais qui a la vie dure. Il est donc indispensable d’expliquer au parents comment s’organise le projet de scolarisation, quelles solutions sont envisagées pour prévenir une quelconque perturbation, quel est le rôle de l’auxiliaire de vie scolaire et surtout quels seront bénéfices pour les autres élèves.

Là aussi, j’ai mes habitudes. Avec l’accord de l’équipe pédagogique, j’interviens lors de la première réunion parents-enseignants, en début d’année scolaire. En final, je donne mes coordonnées en promettant de répondre à toutes les questions qui se poseraient en cours d’année. Cette intervention est tellement rassurante que je n’ai jamais eu de difficulté avec les autres parents d’élèves.

COMMUNIQUER AVEC LES ENSEIGNANTS ET LE PERSONNEL DE L’ECOLE.

Il ne faut pas négliger ce type de communication. Tout le monde ne participe pas aux réunions de concertation du PPS au sein de l’établissement scolaire et pourtant chacun, un jour ou l’autre, dans l’école, rencontrera l’enfant handicapé ou aura à s’en occuper. La bonne volonté est généralement présente mais l’angoisse la plus classique est la peur de mal faire ou de faire involontairement du mal. Les enseignants mais aussi le personnel d’encadrement, de la restauration ou de l’administration (notamment dans les collèges et lycées) ont des craintes qui doivent être entendues. Il est parfois même nécessaire de déculpabiliser les enseignants dans les moments difficiles. Ils ont besoin qu’un climat de confiance s’installe et sont demandeurs d’un retour d’expérience au fur et à mesure que l’année scolaire se déroule. Cette communication s’effectue ponctuellement, à chaque fois que le besoin en est exprimé.

L’importance de la communication